aphrodite juliette

aston-levy

PRÉNOM(S) ▪ aphrodite, nom de la déesse de l'amour ... A croire que ma mère avait de grand projets pour moi. Du style, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ... Et pour montrer à quel point j'étais en accord avec ses idées de fairytale, j'ai abandonné ce prénom en faveur de mon second. Juliette. Ou plutôt Jules. Juliette, ça fait bien trop ... Sage. Bien trop Roméo et Juliette. Finalement, malgré tous ces pitoyables essais pour me faire porter un prénom lié à la magie de l'amour, je m'appelle Jules et je hais l'amour plus que tout au monde. Comme quoi, elle aurait peut être du m’appeler Hell. NOM DE FAMILLE ▪ aston-levy, le nom de ma mère. On aurait pu pensé que ma mère s’appelait aston et mon père levy, inversement proportionnel ... Mais non. Moi j'ai que ma mère. Et puis, de toute façon, les autres, je les emmerde. AGE ▪ vingt ans. vingt ans que je crève sur cette terre où tout me semble si dérisoire. DATE DE NAISSANCE ▪ douze décembre 1991, un matin dans la froideur de l'hiver ... ORIGINE(S) ▪ française. et pour mon père, aucune idée. je ne sais même pas qui c'est ... LIEU DE NAISSANCE ▪ paris, paris ... ÉTUDES/MÉTIER ▪ serveuse, je pique régulièrement des trucs chez les mecs chez qui je passe les nuits, je deal un peu quand j'ai vraiment plus de fric ou je suce contre un petit billet. mais vraiment quand j'ai plus de quoi payer ma coke. GROUPE ▪ déliquante SITUATION ▪ célibataire. Je couche pour oublier. Avec un peu n'importe qui. Pourvu qu'il soit attirant et consentant. quoi que, consentant, c'est pas forcement indispensable ...

✎ CARACTÈRE lunatique •• fragile •• désinvolte •• jm'enfoutiste •• attachante •• joueuse •• indépendante •• cynique •• impulsive •• grande gueule •• droguée •• nymphomane •• dynamique •• agressive •• sarcastique •• fêtarde • alcoolique •• mystérieuse •• imprévisible •• bornée •• grande gamine •• violente •• direct •• intelligente •• dépressive •• suicidaire

✎ PHYSIQUE belle blonde •• yeux verts •• visage enfantin •• formes attirantes, ni trop groses, ni trop petites •• tatouage d'ailes d'ange sur le haut des fesses •• tache de naissance en forme de coeur sur le haut du sein droit •• pas très très grande •• éblouissante ••

✎ POUR VOUS, PARIS C'EST SURTOUT...

La ville de l'amour Le charme français Le luxe La capitale de la mode Une expérience fabuleuse Une ville comme les autres La plus belle ville du monde La ville de la fête Une destination agréable pour s'évader Un pur enchantement Un endroit banal sur Terre Votre ville natale adorée Des paysages magnifiques Un endroit détestable

✎ PARIS, OUI, MAIS POURQUOI ?

Je suis née à Paris. D'une mère prostituée. Autant dire que je n'ai jamais roulé sur l'or. Je n'ai jamais cherché à montrer un certaine intelligence pour aller loin et m'en sortir, pourtant, un professeur m'avait dit un jour que j'étais loin d'être idiote. J'aurais pu aller loin parait-il. Mais je n'étais pas faite pour aller loin. Moi, je n'avais que mes pieds pour aller loin. Pas de voiture. Pas même de vélo. Je ne voyageais que par l'esprit. Rêvant de terres inconnues où je pourrais disparaître et laisser derrière moi tant de choses qui ne me correspondaient pas. Alors voila. Sans argent, sans voiture, je n'ai jamais vraiment bougé de ma ville natale. Dire que je l'adore serait exagéré. Je l'accepte. Comme elle est. Et puis, ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix ...

chapitre ♦ un

Petite fille effrayée devant une vie qui fout le camp. J'entends des tas d'histoires. Des histoires que je comprends pas bien. Ça parle de pute, de baise et de coke seulement, je n'arrive pas à mettre de définition sur un seul de ses mots. Pour moi, une pute, c'est qu'une glace au chocolat. Ou peut être un cerf-volant. En réalité, je n'ai aucune idée de ce que c'est. J'ai six ans, et pour moi la vie se résume à des retards incessant en classe pour cause de bouchons alors qu'on a vendu la voiture depuis longtemps. A des attentes interminables devant une école vide parce que ma mère n'a pas été capable de se souvenir de mon existence. A des chuchotements de mères aux foyers qui me regardent en me prenant en pitié. Puis surtout, ma vie, c'est les bam bam contre le mur de ma chambre quand je veux m'endormir. Ce bruit, c'est le lit de maman qui frappe contre le mur de ma chambre. C'est comme ça tous les soirs. Sauf le jeudi. Le jeudi, je peux dormir parce que c'est le jour de congé de maman, alors elle est pas obligé de ramener des garçons à la maison. Moi je sais pas ce qu'ils font, mais c'est drôlement bruyant. Puis ça me fait un peu peur, parce que des fois maman elle crie. Mais elle veux pas que j'ouvre la porte. Une fois, j'ai ouvert. Maman elle était à quatre pattes et y'avait un garçon derrière elle, je crois qu'ils étaient en train de jouer. Mais maman m'a grondé parce que j'avais ouvert la porte, alors je l'ouvre plus.
Aujourd'hui, la maitresse m'a crié dessus parce que je m'étais endormi sur ma table. Elle dit qu'il faut que je dorme à la maison et que si ça se reproduisait, elle appellerait mes parents. Sauf que j'ai pas de parents. J'ai pas de papa comme tous les autres. Moi j'ai juste un maman. Une maman qui oublie de venir me chercher à l'école ; qui préfère acheter une poudre blanche bizarre plutôt que mes céréales ; qui a vendu la belle guitare que j'ai gagné à l'école parce qu'il faut bien qu'on mange. Une maman qui oublie ce que ça veut dire d'être maman et qui préfère être avec des garçons plutôt qu'avec sa fille. Seulement, il ne faut pas que la maitresse appelle maman. Elle lui ferait perdre du temps, et maman dit que le temps, c'est de l'argent. Alors j'ai décidé de tout faire pour dormir ce soir … Je me lève silencieusement et je vais dans la salle de bain. J'attrape ma couverture rouge qui est dans le placard et je la mets dans la baignoire. Déjà, j'ai de la chance, on a une baignoire. Elle est toute sale, mais elle est assez grande pour que je m'allonge dedans pour dormir quand maman fait vraiment trop de bruit. « HEY BLONDASSE ! T'as un truc dans ta baignoire ! » Je me réveille en sursaut en sentant l'eau gelée qui me recouvre. Je ne peux pas réprimer un crie strident qui fait hurler de rire l'homme qui tient le pommeau de douche. Je suis debout dans la baignoire, mon pyjama tout mouillé à regarder cet homme étrange qui m'a jeté de l'eau dessus. « Elle est bonne ta gamine ! Jvais ml'a faire » Je comprends pas très bien. Mais il s'approche de moi … et il n'a pas l'air très gentil. Je pleure pas. Maman m'a dit que c'est pas bien de pleurer. Que je suis moche quand je pleure et que je serais jamais une princesse si les larmes coulent de mes joues. Il baisse son pantalon et me sort de la baignoire. Maman est arrivée à ce moment là. Elle avait pas l'air très contente et elle l'a jeté dehors. Je sais pas trop pourquoi, mais elle m'a fait un câlin après. Pourtant, elle me fait jamais de câlin d'habitude. J'ai trouvé ça plutôt cool.

chapitre ♦ deux

Et le ciel pleure une nouvelle fois sur mon cœur … Heureusement, je sais qu'ils seront là. Toujours. Ceux qui font que je suis toujours vivante alors que j'aurais pu partir depuis bien longtemps. Ils sont ma bouée de sauvetage, mes rayons de soleil dans la noirceur de la vie qui m'entoure. Il suffit d'un sourire. Il suffit d'une connerie. « Juliette Aston-Levy, Liam Loénie-Blein, Lisa et Aidan St-James sont convoqués chez le proviseur » Je croise le regard de Lisa, un sourire sur les lèvres. Ça faisait bien trop longtemps qu'on avait pas fait un tour dans le bureau de Mr Loiselle. Il nous manquait il fallait bien le dire. Et on se lève, d'un seul geste, comme si nous faisions un. Mais nous sommes un. Ils sont une partie de moi. La plus belle partie surement. Je sais que, dans leur classe, les garçons ont fait exactement la même chose … Et on se retrouve. Debout devant le bureau du proviseur qui semble avoir envi de nous réduire en bouilli. « Tous les cahiers d'appels sont inutilisables. Des petits idiots ont surement trouvé ça marrant de coller les pages ensembles. Vous n'avez évidement aucune idée de leur identité ? » La voix et le regard du proviseur ne laissent aucun doute sur le fait qu'il sait très bien qui sont les coupables. On se regarde. Répondre est inutile. « Évidement. Et toujours personne pour le lâché de souris du labo d'il y a deux semaines ? » Malgré moi, un sourire s'affiche sur mon visage en souvenir de notre connerie. On est totalement atteints. Complètement fous. Mais on s'éclate. On sème un beau bordel dans ce collège qui nous le rend bien. « Ça vous fait rire mademoiselle Aston-Levy ? J'espère que vous trouverez tout aussi marrant les deux heures de colle par jour que vous aurez pendant une semaine. » Quel con. « Quoi ?!! Juste parce qu'elle a souri ?! » Je détourne le regard sur Aidan. Ma main frôle la sienne et je souris une nouvelle fois. Une façon de lui dire merci. « Très bien, la même chose pour vous monsieur St-James. Quelqu'un à autre chose à ajouter ? » Quand comprendra t-il que tout ça ne nous fait rien ? Que toutes ces heures de colle, nous en s'en fou. Qu'on veut juste ne pas retourner chez nous. Qu'importe si on est dans une salle de retenu, dans la rue ou n'importe où sur terre, tant que c'est pour dans nos appart' minables où seul la médiocrité règne en maitre. Moi je veux juste être avec eux. Parce qu'ils sont tout pour moi. Parce que sans eux je ne suis plus moi. Je me tourne vers Aidan, il hausse les sourcils, ce qui veut tout dire pour moi. Il me provoque. Il me le dit par le regard. « Alors, cap ou pas cap ? ». Il suffit d'un sourire malicieux et d'un peu de courage. Je monte sur le bureau du proviseur sous le regard ébahi de Liam et Lisa. Ils connaissent nos défis avec Aidan. Bien sur, ils sont toujours là quand on les réalise. Mais ils arrivent à être toujours étonné quand il en découvre un autre. Je fixe le proviseur et commence à descendre jusqu'à être accroupie. Je souris et passe la langue sur mes lèvres de façon sexy. Je le vois ébahis en train de me fixer. Pour peu, il baverais. J'ai quatorze ans sale pervers. Puis je me tourne vers Aidan en souriant. « Cap. » Qu'ils apprennent tous. Moi je suis cap de tout. Je descends du bureau et me replace à coté d'Aidan. « Vous devriez cacher votre érection monsieur. Elle est bandante, mais elle a quatorze ans, ça risque d'être un peu mal vu. » Je dois avouer que ce mec à une répartie de fou … « DEHORS ! UNE SEMAINE D'EXCLUSION POUR VOUS DEUX ! JE VEUX PLUS VOUS VOIR ! » Je crois qu'Aidan et moi sommes encore plus atteints que Lisouille et Liam … Mais c'est pas vraiment notre faute. C'est ce besoin de nous dépasser. De faire ce que personne n'oserait faire ...

chapitre ♦ trois

La bouteille tourne. A chaque gorgée, on oublie un peu de notre vie pitoyable. On oublie qu'on est que des cons. Qu'on a dix huit ans Lisa et moi, que les mecs en ont vingt mais qu'on a pas de diplôme. Qu'on en aura jamais. On oublie qu'on a aucune vie et que nos parents nous détestent. Ou qu'on déteste nos parents, après tout, on a oublié quel était le sens initial. Le résultat est le même. Plus de nounours souriant naïvement, plus de glace au chocolat., plus de bisou avant de dormir. A bien y réfléchir, moi je n'ai jamais eu tout ça. Ma mère était bien trop occupée à baiser des mecs pour s'occuper une petite chieuse qui voulait simplement vivre son enfance. Alors voilà. Maintenant on est adulte. Je sors un sachet de poudre volé à ma mère et me tourne vers Aidan en le lui montrant. « Cap ou pas cap ? ». On a beau être des adulte, on en est pas moins con. On en est pas moins nous même. Des petits gosses irresponsables et totalement fêlés. Je vois un sourire s'afficher sur son visage … « Aidan … Déconne pas. C'est de la merde ces trucs. Jules tu fais chier ! Pourquoi tu ramènes ça ! » Lisa, Lisa … Ce que tu peux être ennuyante parfois … A ne pas savoir t'amuser. Je l'ignore, ne lui accordant même pas un regard et garde les yeux fixer sur Aidan. Son frère est plus marrant … Il se tourne vers sa sœur, « Je suis majeur et vacciné Lise. C'est juste pour s'amuser. Ça te ferait pas de mal … puis vers moi, « Cap évidement » Je souris. Malgré les apparences, malgré une mère droguée en permanence, je n'ai jamais essayé … Le stress de la première fois. Je forme deux lignes comme j'ai vu faire ma mère des tas de fois. Je roule un billet de cinq, et je deviens une grande fille, me plongeant dans cette connerie qu'est la drogue, entrainant avec moi mon meilleur ami, mon grand frère, mon autre moi … Puis je pars vers un autre monde. Plus rose. Plus beau.
La fête bat son plein. Les bouteilles d'alcool s'accumulent. Et nous on s'éclate. On fait un jeu idiot. Un jeu de gamin qui nous rappelle tant de souvenirs. Le jeu de la bouteille … Défis idiots en tout genre. Forcement, c'est notre truc les jeux idiots … Et je me retrouve à embrasser langoureusement Aidan sous les rires des autres. Je me retrouve à danser comme une strip teaseuse devant des mecs déjà bien bourrés. Je me retrouve à faire mille et une connerie pour un stupide jeu. Dernier défi … « JULES ! Pour changer. Mmh … On commence à sécher niveau idée là … Heu … Fais une pipe à Aidan. » Je laisse échapper un rire. Complètement défoncée il faut bien l'avouer. « pfffff, vous êtes bêêêêêtes ! » Et je pouffe de rire comme une pauvre idiote que je suis … « Quoi ? T'es pas cap ?! » Pas cap ? Il me connait pas lui ! Je suis cap de tout. C'est pas la queue d'Aidan qui va me faire peur. Je rigole encore une fois … « Jsuis cap de tout moi ! », je me lève et entraine Aidan jusque une chambre du haut. Je rigole, complètement pétée. « T'es pas obligé Jules … Je dirais que tu l'as fait ... » Il est gentil … Je souris et m'approche de lui jusqu'à ce qu'il se retrouve contre le mur. J'ai arreté de rigoler comme une conne, je le fixe intensément. Il est beau ... « Quoi … ? T'as pas envi ? » Il me suffit de passer la main sur son sexe pour comprendre que dire qu'il a envi serait un euphémisme. Puis je me retrouve dans une chambre à faire une fellation à mon meilleur ami pour un défis idiot … Finalement, peut être que je ne vaux pas mieux que ma mère. Pire même, moi je suce pour rien du tout. Pour ne pas avouer que j'ai des faiblesses et que je ne suis vraisemblablement pas cap de tout. Puis les choses s'accélèrent … J'ai envi de lui … Il m'attire comme personne ne m'a jamais attiré … Une chose entrainant une autre, on fini par faire l'amour … L'alcool et la drogue y sont surement pour quelque chose, pourtant, j'en avait envi, il n'y a aucun doute. On dit que l'alcool fait ressortir les désirs inavoués ? Aidan, c'est lui mon désir inavoué.

chapitre ♦ quatre

Nos cap ou pas cap qui nous menait toujours plus loin. Un jeu qui nous détruisait autant qu'il nous sauvait. Il nous sauvait des autres. De ces gens si différents de nous. Même Lisa, même Liam … On se retrouvait juste nous. Lui. Moi. Rien d'autre que nos deux corps, nos deux esprits toujours aussi dérangés. Toujours si peu conforme à ces principes idiots qui caractérisent les Hommes. Puis il nous détruisait. Ou plutôt, il nous amenait à nous détruire. Mutuellement. Je l'attirais vers le fond. Et lui il s'accrochait, m'entrainant lui aussi dans cette spirale auto-destructrice. La drogue était devenu notre quotidien. Un quotidien devenu noir. Si noir … J'en était tombée amoureuse. J'avais toujours mépriser l'amour. Ces histoires de princes charmants. Des conneries racontées aux naïfs pour mieux les baiser. Pour profiter de leur cul en promettant monts et merveilles, et finalement les jeter après utilisation comme un kleenex usagé. Puis ça m'était tombé dessus comme une pauvre débutante. Seulement ici, dans ce monde de débauche, l'amour n'a pas sa place. Je ne l'aurais jamais avouer. Même sous la torture je n'aurais jamais dit que j'aurais tout fait pour lui. Pour son sourire. Pour ses regards. A la place, on jouait comme des gamins. Des gamins qu'on avait jamais cessé d'être. On se cherchait … Il me baisait quand il ne trouvait personne d'autre, et moi je crevais de jalousie en voyant toutes ces filles lui tourner autours.
On se retrouve à une fête. Comme tous les samedi soir. Une nouvelle fête parmi tant d'autres. De celle où l'alcool coule à flot. Où la drogue change de main sans même un peu de discrétion. Où on ne prend même plus la peine d'aller dans une chambre pour prendre possession du sexe opposé. Celle qu'on fréquente et qu'ils ne fréquentent plus. Notre petite bande s'est finalement dissoute d'elle même. On est trop différent. Trop drogué. Trop taré. Trop nous.
Aidan danse collé-serré contre une fille. Il a la main sous sa jupe et il n'est pas vraiment difficile de savoir ce qu'il fait. Je le déteste de me rendre aussi dingue de lui. Je le déteste de me faire ressentir ces putains de sentiments. J'ai envi de la buter. De l'écraser sous un bus pour qu'elle arrête de poser ses mains sur lui. Pour qu'elle arrête de salir ces lèvres que j'aime tant. Ce visage que je ne me lasse pas de regarder … Il croise mon regard. Un sourire au lèvre. Il me provoque. Je le vois attraper la main de la fille pour la mettre sur son sexe. Je le déteste. Il essai de me faire du mal. Connard. Je détourne finalement les yeux. Il faut que je me change les idées … Je me dirige vers le bar avec la ferme intention de me bourrer la gueule jusqu'au coma éthylique. « Je vous sers un verre ? » Je me retourne. Grand. Brun. Terriblement craquant. Je souris. J'ai trouvé son sujet d'occupation de ce soir … Et la soirée continue.
Cette fois ci, c'est moi qui danse collé-serré contre mon beau brun. Et c'est maintenant moi qui lui à la place de la pétasse qui voulait se faire mon meilleur ami. Je ne connais même pas son nom … Mais je m'en fou. Je sens la bosse de son pantalon contre mon bas ventre tandis qu'il commence à découvrir les moindres recoins de mon corps. Je vais passer une bonne nuit. Et qu'importe son nom, je ne m'en souviendrais pas demain. Quand soudain, je suis tirée brutalement en arrière et arrachée des mains de mon bel apollon. « Qu'est-ce que tu fous putain ?! Il veut juste te baiser ! » Et on inverse les rôles. A toi de crever de jalousie en voyant ses mains sur mon corps. J'espère que tu souffres comme je souffre en te voyant avec toutes ces pétasses. « Et qui te dit que je veux pas qu'il me baise ?! Quoi ? Tu préfèrerais que ce soit toi ? Rêves pas, toi c'est juste si il y a personne d'autre. Et justement, y'a quelqu'un d'autre … » Je le vois me regarder. Me fixer. Blessé. Il m'a cherché. Il m'a cherché tout à l'heure avec sa pétasse. Il a cas retourner avec elle. Elle qui a l'air de si bien le satisfaire. « Tu veux m'faire du mal ? Sois pas ridicule Juliette, t'en ai même pas cap » Il est naïf. Il aurait du comprendre depuis tout ce temps que je suis capable de tout. « Jules, pas Juliette. Et t'oublies que je suis cap de tout. » Je pousse mon beau brun vers un coin en m'assurant qu'Aidan me voit toujours et je me mets à genou devant lui pour lui faire une pipe.
Finalement, il a seulement fallu quelques minutes pour me rendre compte à quel point j'étais conne. Entre temps, Aidan avait eu le temps de partir. Alors je me suis simplement lever, sans un regard pour le mec que je laissais en plan, pour retourner chez moi. Chez nous puisque nous vivions en colocation.
« Je suis désolée … Je suis trop conne … Je … J'étais jalouse quand t'étais avec la fille … Je voulais que t'ai aussi mal que moi ... » Je caresse son bras tendrement. Il est dos à moi, allongé sur son lit. Il me boude. « Aidan … Je … Je crois que je suis amoureuse de toi ... » Il se retourne doucement et je croise enfin son regard blessé. « C'est vrai … ? » J'acquiesce faiblement et passe ma main sur sa joue pour l'attirer contre moi et l'embrasser langoureusement.

chapitre ♦ cinq

Qu'est-ce qu'on peut être con quand on est drogué. Drogué et bourré. Je me retrouve à tromper celui que j'aime le plus au monde, une nouvelle fois pour un quelconque pari. Pourquoi suis-je incapable de refuser un 't'es pas cap ?' ?! C'est stupide … Je suis stupide. Et pourtant, personne ne m'a forcé. Si je n'en avait vraiment pas eu envi, je n'aurais pas couché avec … « Jules ?!! » Je sursaute et dégage le mec en moi … Je me relève comme si il ne s'était rien passé. Mais je suis nue, transpirante, allongée dans son lit avec un autre homme alors que nous sommes ensemble depuis quelques semaines. « Je croise son regard … Et il s'en va. « Non attends ! Aidan ! Reviens ! » Je le suis, mais il sort de l'appartement, et je suis nue. « Merde !! » Je cours dans la chambre chercher mes vêtements. Je jette ceux de l'autre mec sur lui « Toi casse toi ! ».
Des heures que je le cherche. Partout. Aux endroits où on a l'habitude d'aller, ceux on ne passe qu'occasionnellement. Je m'inquiète. Il est tout pour moi. Et je sais aussi que je suis tout pour lui. Qu'il perd progressivement sa sœur depuis que je l'ai entrainé dans la drogue et que je suis la seule personne encore la pour lui … Et je viens de foutre ça en l'air. J'aperçois une ambulance. Je ne m'y arrête pas plus que ça. C'est fréquent un samedi soir dans ce coin là … Des comas éthylique, des drogués qui déconnent … Lorsque je passe, je vois le visage de celui qu'ils entrent dans la camionnette. Non … Pas lui … Je cours vers cette foutu voiture dans l'espoir de me rendre compte que je me suis trompée. Que ce n'est pas mon Aidan qui est allongé là … Sauf que ma vue ne m'a pas fait défaut … « NAAAAN PUTAIN ! » Les larmes coulent par centaines sur mes joues … « Vous le connaissez mademoiselle ?! » J'acquiesce doucement, incapable d'ouvrir la bouche pour exprimer autre chose que ma douleur … « Suivez nous ... » Il me pousse dans la camionnette … Je ne suis plus qu'un pantin. J'ai trop mal. Ma douleur anesthésie tout mon corps. « Il n'est pas mort, mais dans un truc mauvais état … Il a fait un overdose, on a réussi faire repartir son cœur mais c'est ... » Je le voie alors qui convulse. Tout le monde s'agite dans l'ambulance. J'entends des phrases effrayantes … Des 'on est en train de le perdre', 'on choque à 220' et des tas de phrases incompréhensibles. La seule chose que je comprends, c'est leur dernière phrase. « On l'a perdu. Heure du décès … Minuit douze ». Je ne pleure même plus. J'ai les yeux dans le vide. Le cœur dans le vide. Je crois que je ne respire plus. Je crois que je ne pourrais plus jamais respirer. Il était ma raison de vivre. Il était mon oxygène. Sans lui. J'étouffe, je me meurt. « Mademoiselle … ? » Je vais mourir …

Trois jours qu'il est mort. Trois jours que je passe dans le noir à pleurer. Aujourd'hui, le noir est de circonstance … On enterre l'amour de ma vie. Je croise des regards tristes. Et puis, leurs regards. Liam et Lisa. Je sens le regard haineux de celle qui avait toujours été ma meilleure amie. J'ai mal. Tellement mal. Je peux à peine articuler quelques mots quand vient mon tour de faire un discours. Je lâche une rose rouge sur le cercueil en murmurant « Je t'aime » avec mon cœur. Je dois lui dire adieux, mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à me dire que je ne le reverrais plus jamais. Que je ne verrais plus son magnifique sourire. Je n'entendrais plus ses éclats de rire. Je ne sentirais plus ses caresses. Je l'aimais tellement. Tellement que ça en était douloureux ...



L’homme que j’aimais est mort il y a trois mois.
Tant bien que mal, avant j’aimais la vie, parce qu’on l’avait en commun. Avant, j’aimais la vie, même sachant tout ce que je savais, car dans l’immensité du vide, il était là qui souriait. Aujourd’hui, je chéris un fantôme, un souvenir. Je pense encore à lui chaque jour, chaque minute, chaque seconde... Absurde constance. J’ai beau vivre, si on peut appeler ça vivre, j’ai beau baiser, et sortir... Je pense encore à lui. Je regarde les gens, leurs pas qui les emportent vers une finalité absente... Et au fond de moi-même, son image qui me hante. Je le connaissais mieux que personne. On avait le même état d’esprit, on méprisait la platitude et la médiocrité, on était prisonniers du fric et ça nous rendait dingues, et on ne savait pas pourquoi on existait. Maintenant, qu’il n’est plus là, je sais pourquoi j’existais.
J’existais pour lui.
Je suis faible, et j’ai l’impression que mon corps se meurt lentement. Seul mon esprit plein de souvenirs est encore vivace. Je préfère ressasser le bienheureux passé que de me contenter de ce présent de merde. Je n’oublierai pas ton visage, je n’oublierai jamais ta voix. Je me morfonds dans ma douleur.
hell