Vingt-deux heures tapantes et j'étais sur le bas de la porte de Gabin. Enfaîte je ne sais trop pourquoi j'étais venue, certainement parce que j'en avais envie et que j'aimais bien me taper l'incruste à l'improviste, ou tout simplement parce que je ne passais jamais devant l'immeuble du jeune homme sans y mettre les pieds, ben voyons, ça en serait ridicule ! Je venais donc de monter deux étages avec mes petites jambes, l'ascenseur était en panne. Ah ça valait le coup d'habiter dans l'un des immeubles les plus fortunés de la ville, pour finalement devoir prendre l'escalier. J'avoue que ce genre de coïncidence m'a toujours fait rire ; je crois qu'une fois de plus c'est encore mon côté anarchiste qui prend le dessus, mais que voulez-vous, on ne change pas une équipe qui gagne. Je venais donc d'entrer chez Gabin, je n'avais pas pris la peine de frapper, je crois que je ne l'avais encore jamais fait toute manière ; et puis si Gabin m'avait filé les clefs de l'appartement, ce n'était pas pour que je me la joue à une chère inconnue qui frappe chez son... son... comment les décrire ? Son meilleur ami ? C'est presque ça, mais disons amélioré... si vous voyez ce que je veux dire... non ? Ben tant pis, j'ai pas envie de développer. Bref passons. En ouvrant la porte d'entrée, j'aurais pu y trouver derrière Damien, c'est vrai, c'est le seul qui, hormis moi-même justement, arrive à supporter le jeune homme plus d'une heure. C'est aussi le seul qui est tous les trois quatre matins fourrés chez Gabin... disons une belle amitié... oui disons ça et n'en parlons plus. Pas de Damien à l'horizon, mais pas de Gabin non plus... tant pis j'allais l'attendre. J'étais un peu ici chez moi, on me l'avait assez répété pour que je l'accepte, enfin il avait pas non plus fallu insister, me connaissant. Mon premier réflexe fut de me diriger vers le lecteur de musique, un truc du moyen-âge, mais qui fonctionnait à merveille. Je pris le premier disque qui me sauta sous les yeux : un air des Beatles. Ça fera l'affaire. « Gabin c'est nouveau ça ? » Non pas que je connaissais son appartement dans les moindres recoins, mais disons, qu'un vase aussi moche installé sur sa table de salon, je l'aurais forcément remarqué bien avant. Je venais de tomber nez à nez face à un objet, un vase. Oui c'était reconnaissable, il était peut-être vide, mais un vase ça ne se confond pas avec un préservatif c'est tout. Il était... laid ! Pire que ça, j'en avais presque mal aux yeux à force de l'examiner. Il avait de sales fleurs bleues et blanches de tous les côtés et des tâches vertes par ci par là, représentant certainement la verdure, mais ça, ça reste un mystère. Je veux bien croire que l'art est abstrait mais il y a des limites. « Si tu veux, je peux le mettre à la poubelle à ta place. » Je lisais dans les pensées du jeune homme et j'étais persuadé qu'il le trouvait aussi moche que moi, mais n'avait pas encore pris le temps de le remballer dans une belle poubelle -ahaha ! Ca devait encore être un cadeau d'un membre de sa famille. Le vase devait certainement coûter une fortune, mais je connaissais pas mal Gabin et j'en étais sûr qu'il ne tenait pas à ce machin, il n'était pas du genre à donner de la valeur à des cadeaux et encore moins à un vase. Je crois qu'il fallait vraiment être un peu dérangé pour aller acheter un truc comme ça, il n'arriverait sûrement pas à le revendre... ou alors les seuls potentiels acheteurs seraient sa famille -la famille la plus cinglée de la ville. Vous imaginez le machin, si sa tante apprend qu'il revend ses cadeaux ? Non je préfère penser à autre chose. « T'es pas obligé de te faire beau pour moi tu sais. » la blague. Je savais pertinemment qu'il n'était pas en train de se pouponner ou de remettre du parfum pour la énième fois, surtout pas, c'était loin d'être son genre mais fallait bien que je commence à le taquiner ! Gabin ne me répondais toujours pas, je commençais à penser qu'il était en train de commettre l'irréparable, une petite gâterie à son cher colocataire Damien... J'ai quand même cru un moment qu'il était en train de cacher une de ses conquêtes dans son armoire, curieuse je viens à sa rencontre. Putain il est au téléphone, il pourrait pas raccrocher bordel ?! En plus de ça, il faisait bien évidemment exprès de m'ignorer depuis maintenant.. euh cinq minutes ! Je compris au fil de la discussion que c'était Damien, difficile que ce soit quelqu'un d'autre... puisque moi, je suis déjà là ! Héhé. Bon d'accord je sors. « Dis à Damien qu'il ferait mieux de mettre son énergie à conquérir son beau professeur plutôt que de s'acharner sur mon beau Gabin. » Oui je plaisantais. Enfin pas trop. J'aimais que moyen se rapprochement entre Damien et Gabin... j'aurais presque envie de me garder exclusivement Gabin, mais ne vous en faîtes pas trop vite, jamais ne n'irais l'avouer à qui que ce soit. Damien, c'était un de mes meilleurs potes, comment dire, mon meilleur pote, il m'apportait beaucoup et ensemble on n'y allait pas par quatre chemins. C'était peut-être l'un des seuls avec qui l'envie de coucher avec ne m'avait pas effleuré l'esprit. Pourtant il est drôlement séduisant. Et puis Gabin, Gabin c'est autre chose, il est tellement important à mes yeux... pourtant, ce n'était qu'au début une histoire de sexe. On se voit, on baise, on se change et on se quitte. Malheureusement ça aurait été bien trop facile, il a bien fallu que des putains de sentiments à la con viennent se rajouter et voilà que maintenant je ne sais plus quoi en penser. Merde. C'est pas normal ce que je ressens : j'ai envie de voir Gabin... mais plus pour baiser mais pour être à ses côtés tout simplement... dîtes moi que c'est que passager et que ça va vite redevenir normal, parce que je commence à sérieusement avoir peur... Enfin j'ai quand même envie de baiser.