Appartement de Mayenne, Vendredi 12 août, 16h30.

Une nouvelle journée allait bientôt se terminer. Une journée comme toutes celles que Mélaine avait l'habitude de passer ces derniers temps. Certes, ce n'était encore que la fin de l'après midi, mais déjà Mélaine voyait se clore une nouveau journée, une journée de plus à toutes celles qui s'étaient déjà terminées de la même manière. Pourquoi cette journée serait-elle différente des autres après toUT ? En quel point différerait-elle de celles qu'elle avait vu se clore auparavant ? Probablement en rien. C'est inévitable. Le même cycle tourne encore, et encore, et encore... On a beau dire que les jours passent et ne se ressemblent aucunement, et poutant, Mélaine a comme une impression de déjà vu répétée au fil des jours ces derniers temps. Et on ne peut pas dire que ce soit un sentiment agréable à ressentir, loin de là.

Car si Mélaine voit en cette routine ennuyeuse des ennuis poindre à l'horizon, c'est parce qu'elle sait très bien que chaque nouvelle journée apporte son lot de mauvaises journées en ce moment, et celle là n'échapperait probablement pas à la règle. La véritable raison qui fait que la jeune femme est d'une humeur si pessimiste en ce moment, c'est parce qu'elle est consciente qu'une personne qu'elle aime plus que tout au monde périt un peu plus à chaque journée qui passe. Cette personne à laquelle elle tient tant, c'est son petit frère, Mayenne. Oh, Mayenne est un drôle de spécimen, et Mélaine commence à penser qu'elle ne pourra bientôt plus lui venir en aide à chaque fois qu'il commet une bêtise ou qu'il est sur le point de se faire prendre la main dans le sac. C'est le cas de le dire. Car Mayenne est bien connu des services de police de la ville, et c'est d'ailleurs un miracle qu'il soit toujours en liberté à ce jour, malgré les nombreuses mises en garde dont il a écopé ces derniers mois. Comme quoi, être le fils d'un des hommes d'affaires les plus puissants de la ville n'a pas que de mauvais cotés ...

Pour tenter d'aider une nouvelle fois son petit frère à sortir d'une mauvaise passe qui commence sérieusement à se faire longue, Mélaine décida de se rendre, une fois de plus, au domicile de Mayenne. C'était loin d'être la première fois que la jeune femme se rendait là bas afin de tenter de raisonner son jeune frère sur les risques qu'il encourt à commettre des vols à l'étalage. A vrai dire, ce qui inquiète le plus la jeune femme, c'est le manque de conscience de Mayenne. En effet, celui-ci ne ressent jamais la moindre culpabilité envers les actes qu'il commet. Serait-il finalement dépourvu d'âme ? Non, Mélaine ne pouvait pas le croire. C'est donc d'un pas assuré et pressé que la jeune femme se dirigea en direction de l'immeuble dans lequel vit actuellement son frère. Poussant d'un coup d'un seul la double porte du vieux bâtiment, Mélaine se dirigea par la suite dans l'ascenseur. Elle avait en temps normal très peur des ascenseurs, avec toujours l'éternelle phobie de rester coincée dedans ou, pire encore, que l'engin se détache et fasse une chute vertigineuse avant de s'effondrer tout en bas. Mais, aujourd'hui, cette peur était amoindrie par celle de voir son frère aller en prison. Car la prison, Mayenne n'allait pas pouvoir y échapper continuellement. Mélaine poussa la porte de l'ascenseur et atterrit directement dedans la porte de l'appartement dans lequel vit son frère Mayenne. Mais, alors que Mélaine s'apprêta à frapper afin d'attirer l'attention de son frère, probablement vautré dans son divan en train de regarder la télévision, la jeune femme arrêta son geste. Quelque chose lui sauta aux yeux.

Mélaine réalisa tout d'un coup qu'elle ne s'y prenait pas de la bonne manière avec Mayenne. Elle se montrait trop compréhensive avec lui, et adoptait un comportement trop protecteur, trop fraternel bien sûr. Mais de sœur, elle devait passer à mère dans une situation aussi critique. Car, si la jeune femme ne change pas vite de méthode, elle sait qu'elle verra bientôt son frère à l'arrière d'une voiture de police. Et ça, Mélaine ne le supporterait pas. Mélaine se jura donc d'adopter un comportement plus strict, afin d'aider au mieux son petit frère. Elle sait qu'un jour, Mayenne la remerciera de l'avoir tiré de cette mauvaise passe. Elle sait que tout cela sera bientôt derrière eux. Elle sait aussi que Mayenne lui fera le plaisir de reprendre des études sérieuses et de changer totalement de vie. Mais en attendant, elle devait encore le raisonner. Alors elle frappa à la porte.

A la minute qui avait suivit le moment où Mélaine frappa à la porte de l'appartement de son frère cadet, elle fut envahie par un sentiment étrange. Cette sensation, qui s'avérait être un mélange de stress et de peur, résultait de sa crainte de découvrir son frère dans un piteux état. Car ce ne serait pas la première fois, que, en ayant cogné à la porte de son appartement, son frère lui ouvre dans un état second. Tantôt drogué, tantôt ivre, il lui avait fait enduré bien des frayeurs à ces fameux moments. Du coup, lorsque Mélaine attendit à la porte que Mayenne vienne lui ouvrir, les secondes lui parurent une éternité, tant elle avait peur de le découvrir dans un état encore plus misérable que les fois précédentes. Soudain, tandis qu'elle croisait les portes en attendant qu'on lui ouvre, Mélaine entendit des pas pressés de l'autre coté de la porte. Elle avait comprit que Mayenne devait faire autre chose au moment où elle avait frappé. Mais cela ne voulait pas nécessairement dire qu'il cuvait sa cuite de la veille ou qu'il avait le nez dans la cocaïne. Non, pour une fois, Mélaine voulait être confiante et optimiste, alors se dit que son frère était peut être dans un meilleur état qu'elle le pensait finalement. Elle ne se trompait pas. Car c'est un Mayenne étrangement calme, quoiqu'apparemment agacé par cette visite surprise, qui la fit entrer. Il ne sentait pas l'alcool, n'avait pas de poudre apparente autour de ses narines, et avait plutôt bonne mine, bien qu'il eu probablement passé la nuit sur un divan aux vues des marques laissées sur sa joue droite. Tout semblait donc aller pour le mieux, du moins pour l'instant.

Car c'est sur un ton plutôt sec et désinvolte que Mayenne ouvrit la porte à sa sœur pour ensuite la faire entrer. « Putain, qu'est ce que tu veux encore, Mel ? » lui dit-il comme si cela était naturel de parler ainsi à une sœur qui fait tout son possible pour vous aider. Mélaine s'était promis de se montrer plus ferme avec Mayenne, sinon quoi elle devrait assister à une nouvelle rechute, et ça elle ne pourrait plus le supporter. « Bonjour à toi aussi. » lui lança-t-elle dans un soupire bref, tout en avançant dans l'appartement afin de traquer un éventuel sachet de cocaïne ou une bouteille de vin renversée et complètement vide. Car confiante, elle ne pouvait pas l'être trop non plus aux vues de la situation pour le moins particulière que traverse son frère actuellement.

« Je vois que tu viens d'émerger ... La nuit a été courte ? » Alors qu'on pourrait penser que cette phrase ne signifie qu'une prise de nouvelles de son frère pour Mélaine, elle représente en réalité bien plus que cela. Car, en examinant bien cette phrase, on se rend compte qu'elle est à double sens. Le premier sens est évidemment de savoir comment à dormi son frère, et donc si il va bien. Mais elle a également un sens caché puisqu'elle laisse sous-entendre qu'il a peut être passé sa nuit à quelque chose de particulier, comme boire, consommer de la drogue, ou même voler à nouveau. Et oui, quoi qu'elle fasse et malgré sa bonne volonté, Mélaine en revient toujours aux problèmes de son frère. La jeune femme est évidemment consciente que ses perpétuelles questions peuvent agacer son jeune frère, mais il est tout de même de son devoir d'ainée de veiller à ce qu'il ne fasse pas de bêtises. Le soucis avec Mélaine, c'est qu'elle veut en permanence tout contrôler, au risque de pousser les gens à s'éloigner d'elle afin de lui échapper...