La porte s'ouvrit, et le monde entier se retourna pour le regarder. Son allure décalée, sa démarche assurée, il avançait, droit, sa cravate soigneusement nouée autour de son cou. Ce qu'il faisait là ? Personne ne le savait vraiment, mais sa présence n'était pas à plaindre. Il enchantait les hommes, faisait craquer les femmes, qui, sous le charme, ouvraient plus facilement leur porte-monnaie. Parfois sans le savoir. Ce mec-là n'avait pas d'identité, pas d'histoire, lorsqu'il revêtait son costume à deux mille euros, ses chaussures à six cent. Lorsqu'il rentrait dans la pièce, il n'était rien de plus que l'inconnu; en réalité, l'embauché des directeurs des salons, qui usaient de ce moyen, de lui, pour manipuler les clients et leur faire dépenser toujours plus. Ils se frottaient les mains derrière leurs bureaux, merci monsieur Castelli, vous êtes merveilleux, monsieur Castelli. Bande de cons.

Il fit le tour de la pièce, analysa l'emplacement des caméras. Une au-dessus du bar, une autre à côté du Picasso, et certainement une vingtaine dans les vitrines. Un jeu d'enfant. Il se plaça derrière l'une des nombreuses colonnes romaines, plus là pour décorer que pour soutenir le plafond, et attendit. Une minute, puis deux. Attendre quoi ? Qu'une vieille veuve friquée vienne l'aborder, ou qu'une épouse trompée craque pour son joli minois. Ce n'était qu'une question de temps, à chaque fois. Il les détestait toutes, ces femmes d'une trentaine d'années qui claquaient en une soirée le salaire annuel des gens honnêtes, et pourtant, il ne disait rien, il les laissait croire qu'il allait les rejoindre dans leur chambre d'hôtel le soir-même, oui ma belle, chambre 303, minuit trente, c'est noté. Elles lui permettaient de mener son affaire, de tromper le trompeur et d'utiliser les trompées, le tout à son profit, toujours à son profit. Cyril n'avait ni scrupule, ni conscience. L'argent qu'il volait était sale, facile, comme tout ce qui traînait ici.

Il sentit une main sur son épaule et se retourna. Une femme, un peu plus jeune que toutes les autres présentes ce soir-là, lui souriait. Une jolie robe, coupée mi-cuisses, et une paire de talons haut qui auraient pu vous transpercer le pied avec un coup bien placé. Il lui rendit son sourire, se retourna pour lui faire face. En une seconde, son analyse était faite. Cocue. Ou libertine. Cyril avait appris, en pratiquant, qu'il n'y avait rien de plus pervers et vicieux qu'un riche. Le riche pense que tout lui appartient, il pense qu'il peut tout demander, exiger, même, que rien ne peut lui être refusé. Nombreux sont ceux qui ont envie de s'envoyer en l'air dans un endroit lugubre ou interdit, un ascenseur, un escalier, en rapide, dans le confessionnal d'une église ou une pipe sous la table de chez la belle-mère. Plus rien ne l'étonnait ou le choquait, puisque dans certains cas, il lui était arrivé d'accepter certaines propositions déplacées. Un homme reste un homme, et les femmes présentes ici étaient loin d'être désagréables à regarder. De jolies formes, pour la plupart retouchées, mais qu'importe. Ce qu'il aimait plus, c'était leur faire croire, les bercer d'illusion, les faire jouir, les faire crier de plaisir, et les briser un peu plus qu'elles ne l'étaient déjà. Désolé, ma grande, je t'ai eu, retourne voir ton héritier précoce qui te donne pas un tier de ce que je viens de te procurer.

Au bout de dix minutes, ils se retrouvèrent devant l'une des nombreuses vitrines, qu'il ouvrit avec les clés fournies. Je vous fais confiance, monsieur Castelli, entièrement confiance. Cyril en riait intérieurement. Il saisit un collier de diamant, dont le prix était tellement élevé qu'il n'était même pas indiqué. En un tour de main, il se retrouva autour du cou de sa proie, qui se pavanait, la tête penchée en arrière, frissonnant sous les caresses du jeune Castelli. Bracelet assorti, bague à mille carats, elle dégageait un sentiment de superficialité et de supériorité qui lui donnait la nausée. Peu importe, en une vingtaine de minutes le tour serait joué, la boucle serait bouclée. Il avait l'habitude, désormais. Discrètement, il lui attrapa la main, et la dirigea vers un coin plus isolé de la pièce. « Ce n’est pas très raisonnable, monsieur Duchêne. Il y en a pour des milliers, vous savez. » Il eut un sourire en l’entendant utiliser son nom d’emprunt. Jamais, pas une seule fois, il n’avait dévoilé sa véritable identité. Simple mesure de sécurité. « Vous n’aurez pas besoin de payer tout ça. Je connais le directeur, il vous les offrira. Il sera ébloui par votre beauté comme je l’ai été, et sera incapable de vous les refuser. » Il approcha son visage du sien, lia ses lèvres aux siennes en un baiser doux, mais furtif. Ce genre de phrases cul-cul, indigestes et totalement improbables pouvaient paraître ridicules, mais elles marchaient. Du moins, avec ce type de femme. Il y en avait avec qui il était obligé de parler plus crument, et d’autres qui avaient besoin de tendresse, de romantisme. Bien sûr, il devait faire attention à la moindre de ses paroles, au moindre de ses gestes, et ce pendant plusieurs heures avant que cela ne commence à fonctionner. Mais la récompense était trop grande pour qu’il ne se résolve à abandonner. Il l’embrassa de nouveau, en fourrant dans la poche de son costume la liasse de billet dérobée du sac, en accentuant la pression, cette fois-ci. Ce qu’il y avait de drôle, avec les richards, c’était qu’ils ne prenaient aucune précaution. Comme s’ils étaient intouchables. Entourés d’une bulle de sécurité. Pas besoin de fermer son sac, lorsqu’on se rend à une exposition remplie de personnes aussi fortunées que nous. Il défit le collier, retira le bracelet et la bague avant de s'éloigner vers l'une des portes gardées du fond de la pièce. Un rapide clin d'oeil aux vigiles, habitués à sa présence et qui s'amusaient souvent de ses stratagèmes, et il s'engouffra dans le long couloir sombre qui menait au bureau du patron, certainement occupé avec sa secrétaire. Il passa devant le poste de cette dernière et prit la porte de secours, la seule dépourvue de détecteur. Une centaine de marches et il se retrouvait dans la rue, avec plus de trois mille euros dans les poches.

CYRIL à MELAINE;
« J’espère que t’es chez toi, j’arrive. Fais de la place. »

Prénom : clémentine Age : quatorze ans Pseudo sur Bazzart/PRD/autre ... : LULLY Comment as-tu connu le forum ? bazzart Que penses-tu, à première vue, du forum ? trop ouch ♥ Avatar : lukesexygrimes Autre chose ? vous faites un peu de place pour les pingouins ? ♥

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