♕ | le lien qui unit votre personnage et votre scénario On dit que dans un couple, il y en a toujours un qui aime plus que l'autre. J'aurais préféré que ce ne soit pas moi ▪ [...] Tout allait bien.. Et puis, une jolie jeune femme est venue frapper à ma porte, c'était Aria. Elle était enceinte. J'avais du mal à y croire, j'allais être papa, j'avais seulement dix-huit piges et j'allais être papa. Sans même réfléchir, je décidai de l'héberger chez moi. Mon père m'avait offert un petit studio et même si ce n'était pas le grand luxe, c'était assez pour nous deux. Lorsque le môme serait là, on envisagerait. Ce gosse, je le détestais déjà, il allait pourrir ma vie, je le savais. Néanmoins, j'étais un homme et je devais assumer mes responsabilités. Pendant les six mois de grossesse qui lui restait, Aria est restée avec moi. J'allais à l'université et j'allais bosser dans un petit supermarché pour les dépenses que mon père ne couvrait pas, il ne savait pas pour Aria, ni pour le bébé d'ailleurs. De son côté, Aria restait au studio et faisait le ménage et à manger, j'avais l'impression d'être vieux avant l'âge. Lorsque l'on a su que c'était une fille, Aria décida de l'appeler Cléoffe, sans me demander mon avis, elle devait penser que je m'en foutais totalement.. C'était faux. J'avais fait ma liste. Si c'était une fille, je voulais qu'elle s'appelle Lila, Charline ou Cerise. Si c'était un garçon, je voulais qu'il s'appelle Théo, Micah ou Matthias. Mais apparemment, je n'avais pas mon mot à dire, apparemment, je n'aurais pas dû rechercher des noms sur internet. C'était une fille, c'était ma fille et elle grandissait dans le ventre de celle que j'allais demander en mariage après l'accouchement.
Tous les autres n'ont été que des rafales de vent dans ma vie alors que toi, t'es la tornade qui a tout ravagé ▪ Et le grand jour vint. J'étais en cours d'écriture lorsque l'on est venu me chercher pour m'emmener en voiture jusqu'à l'hôpital. Là, elle était toute seule, sa famille n'était pas là et ce qui restait de la mienne non plus, Aria et moi allions devoir vivre cette épreuve tous les deux. Néanmoins, je la trouvais étrange, elle ne me regardait pas dans les yeux et refusait pertinemment que je l'accompagne en salle d'opération. Je suis donc resté pendant près de quatre heures à attendre que l'on vienne m'annoncer que ma fille est née. J'avais prévenu mon père car même s'il avait été une ordure avec moi, il avait le droit de savoir et puis, j'ai bu du café jusqu'à en oublier le nombre de gobelets que j'étais allé chercher. Finalement, on vint me chercher, elle était mise en soins intensifs à cause de petits problèmes respiratoires alors qu'Aria était déjà retournée dans sa chambre. Lorsque je l'aperçus tous les regrets et l'amertume que j'avais en moi disparurent. C'était ma fille et elle était magnifique. Ils n'avaient même pas eu besoin de me montrer dans quel lit elle était, je l'avais senti, comme quoi l'instinct paternel existe aussi. L'infirmière m'autorisa à lui toucher la main et en sentant ses minuscules petits doigts contre ma peau, je ne pus m'empêcher de verser une larme. Aria venait de me faire le plus beau cadeau qu'on ne m'avait jamais fait. J'avais devant moi une petite crevette recouverte de peau que j'avais déjà envie de protéger. Ses yeux étaient toujours clos et ses vêtements étaient légèrement trop grands pour elle, je la trouvais parfaite. Elle était sans doute la plus belle réussite de toute ma vie, j'aurais pu rester là des heures à la regarder mais après une heure, les infirmières me firent sortir et je me dirigeai vers la chambre d'Aria. Lorsque j'entrai, je fus surpris de la voir habillée et occupée à ranger ses affaires. « Aria.. T'es au courant que normalement la mère est censée rester à l'hôpital quelques jours avant de sortir. Notre fille est en soins intensifs, là. » Je la vis alors se retourner vers moi, les yeux pleins de larmes et avant qu'elle ne dise un mot, j'avais déjà compris. « Je peux pas, Thibaut.. Je veux dire.. J'ai seulement seize ans, qu'est-ce que tu veux que je fasse d'un enfant. Je sais que tu vas m'en vouloir mais, je ne peux tout simplement pas. » « Dégage, Aria.. » Elle se mordit la lèvre et s'approcha de moi, si bien que je pouvais désormais voir chaque larme dégringoler sur ses joues. « Je t'aime, tu le sais mais.. » « Aria, tu dégages ! Maintenant. » Elle s'apprêtait à parler mais je ne lui laissai pas le temps. « Que tu m'abandonnes, c'est une chose mais que tu l'abandonnes, elle.. T'es un monstre, Aria. Rien d'autre. Alors maintenant, disparais. Je ne veux plus jamais te voir. » Alors qu'elle était toujours en sanglots, elle prit finalement son sac et sortit. Je venais de perdre la femme de ma vie et surtout, la mère de ma fille. J'étais écroulé et je crois que la seule chose qui a fait que je ne me suis pas effondré, c'est elle, mon ange, ma princesse, mon joyau. Alors que je rêvassai en pensant à mes moments passés avec Aria, une infirmière ouvrit la porte et me regarda, gênée, je ne devais vraiment pas être en bon état. « Excusez-moi, monsieur, mais nous aurions besoin de connaître le nom de votre petite fille. » « Charline. Charline Lila de Fleury »
On ne laisse pas les gens qu'on aime tranquilles ▪ J'ai éduqué ma fille, comme je pouvais, avec les valeurs que je considérais comme primordiales. Ça n'a pas toujours été facile mais je suis plutôt fier du résultat. Je ne lui ai jamais rien caché sur sa mère, elle a eu toutes les photos, toutes nos lettres et tous mes récits. Charline est devenue une élève brillante et une superbe jeune fille. À seulement 14 ans, elle en savait déjà plus que moi sur la littérature française. Grâce à l'héritage de ma mère, j'ai pu l'élever dans le confort et, même si elle a eu une baby-sitter le temps que je finisse mes études, j'ai été là pour elle dès que j'ai pu. Désormais, un lien très fort nous unit, un lien que je n'avais jamais imaginé. Elle passe son temps à m'aider pour mes films, à choisir ma garde-robe ou encore à me donner des conseils pour la cuisine. J'ai dû endosser le rôle de père mais également celui de mère et maintenant qu'elle rentre dans l'adolescence, c'est loin d'être évident pour moi. Heureusement, j'ai Constance. Constance est un peu comme la grande soeur de Charline, sa confidente mais elle est surtout sa marraine. D'ailleurs, je pense que je n'aurais jamais pu choisir de meilleure femme pour endosser ce rôle. Néanmoins, gérer une fille en pleine crise c'est loin d'être facile. Il y a quelque temps, alors que Charline devait aller à une fête, elle m'appella pour avoir mon avis sur sa tenue mais lorsque je suis entré dans la pièce, j'ai cru que j'allais avoir une crise cardiaque. Mon bébé portait une petite robe qui ressemblait plus à une blouse pour moi d'ailleurs, je n'osais imaginer les idées qui allaient parcourir les esprits des garçons de cette fête s'ils la voyaient dévêtue de la sorte. « Tu ne crois quand même pas que tu vas sortir comme ça, Cha ? » Elle se retourna vers moi et haussa un sourcil, apparemment, elle ne voyait pas où était le mal. « Ben pourquoi pas ? Je la trouve jolie, cette robe. » « Si elle avait quinze centimètres de plus, je la trouverais jolie aussi, ma puce, je t'assure. » « Papa.. » Elle me fit cette moue irrésistible qui faisait son charme, je me demandais d'ailleurs où elle avait bien pu apprendre ça. Néanmoins, je restais catégorique, il était hors de question qu'elle sorte comme ça. « Je te protège, Cha.. Les garçons de ton âge sont de vrais pervers et moi, j'aimerais que tu restes encore mon bébé quelque temps. Tu mérites mieux que ça. Tu mérites d'être aimé pour ce que tu es et non pas pour ce que tu montres. » « Mais, je veux être jolie.. » « Tu n'as pas besoin de ça pour être jolie, crois-moi. » Je lui souris légèrement avant d'embrasser son front. Néanmoins, je la sentais toujours perplexe. « Tu veux bien appeler Constance..? » J'avais trouvé la faille, elle avait besoin de conseils féminins pour s'habiller toute en élégance. Je hochai la tête positivement et parti téléphoner à mon amie. Ma fille devenait une femme et moi, je ne voulais pas voir ça arriver.
Ne mets jamais l'amour au poste de commande, ne dépends jamais d'un homme, ne dépend jamais de personne ▪ J'étais sur le plateau d'un tournage lorsque je reçus un appel, généralement je ne réponds pas quand je travaille sauf quand c'est CE numéro qui s'affiche : ma fille. Sans attendre plus longtemps, je décrochai mais lorsque j'entendis la voix de Charline, je faillis m'évanouir, elle sanglotait et n'avait vraiment pas l'air bien. « Papa... T'es toujours sur le tournage de ta série ? », me demanda-t-elle entre deux sanglots. « Oui, ma puce. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Je peux partir si tu veux. » « Non non.. Je suis tout prêt. Tu crois que tu peux te libérer trente secondes, le temps que je passe ? » « Bien sûr, ma chérie, bien sûr. Je t'attends devant l'entrée. » Je me précipitai vers l'entrée et commençai à faire les cent pas, qu'est-ce qu'il pouvait bien lui être arrivé ? J'imaginais déjà la pire. Elle était peut-être enceinte, ou avait appris qu'elle avait un cancer ou pire encore. J'étais un véritable papa poule et vu les conditions dans lesquelles j'ai élevé ma fille, c'est normal. J'avais toujours été particulièrement protecteur et ne laissait personne l'approcher de trop prêt. Elle était mon bébé, mon diamant, la femme de ma vie. Lorsque je l'aperçus, elle accoura vers moi afin de se blottir dans mes bras. C'est ainsi qu'entre deux flots de larmes, elle m'annonça que son petit ami venait de la plaquer. Soulagé, je caressai tendrement ses cheveux, ça aurait pu être pire. « Tu en trouveras un autre, ma chérie.. T'es superbe, ce n'est pas les garçons qui manquent ! » « Oui mais lui je l'aimais, papa ! » Ma fille vivait son premier chagrin d'amour et je ne savais pas comment faire moi qui ne m'étais jamais remis du seul que j'avais vécu. La resserrant un peu plus contre moi, je lui caressai le dos alors qu'elle mouillait ma chemise avec ses larmes. Finalement, je la pris par la main et la fit s'asseoir sur un banc avant de m'installer à ses côtés. Son maquillage avait coulé et elle ressemblait à un adorable petit panda, je la trouvais toujours attendrissante quoi qu'elle fasse. « Écoute, mon ange.. Tu apprendras un jour que l'amour n'est qu'une escroquerie. Vis pour toi et uniquement pour toi. Ne t'attaches jamais à un homme, il ne fera que te faire souffrir. Tu es forte, tu es belle et tu es intelligente, tu as absolument tout pour réussir alors ne gâches pas tout par amour. » « Je t'aime, papa ! » « Moi aussi, je t'aime. » Je la laissai se blottir à nouveau contre moi et se déshydrater en pleurant. Je devais être là pour elle. Ce soir, j'irais chercher de la glace, des films pour filles et pleins de magasines. |