Il y avait ce silence qui semblait la ravir mais qui m’était des plus désagréables qui pesait depuis dix minutes, au moins. Elle était là, avec sa jupe, son pull col V, sa chemise blanche immaculée, une vraie fille modèle. Elle suivait son père, lui en costard gris et de sa mère, robe haute couture. Une fille de riche, une bourge, une méga friquée. C’était la deuxième chose qui m’avait tapé à l’œil, c’était surtout elle, qui m’intéressait. Elle a quelque chose, quelque chose d’indécodable, elle semble être un vrai mystère à la limite du défi. Coïncidence ou non, j’aime pas mal les défis. Ils étaient à un mètre de moi et ses parents ne semblaient pas vraiment habitués au métro. La BMW qui a lâché ? Surement. C’était assez drôle de les voir paniquer. Même avec mon casque, j’entendais cette femme qui avait peur de se faire voler son sac. Tied up to the ground, we're spiralling. C’était tellement ironique la manière dont la musique concordait avec cette scène. On ne se lâchait pas du regard.

Le destin voulait qu’on se rencontre. Ou pas ? « Si tu veux savoir, elle s’appelle Constance, Constance Leroy même. » Je le regarde, qu’est ce qui… mais je ne lui ai rien demandé, quand même. Je préfère ne rien répondre. Assis devant ma fac, je ne remarque juste maintenant qu’elle est dans la même université. Habillée tout à fait normalement, on dirait plus trop une coincée mais plus l’une de ses victimes du monde bourgeois de paris. Je mets encore mon casque et Adrien fait semblant de me parler, il mime je ne sais pas quoi. « Désolé, mon Adri d'amour que j'aime, je préfère ma musique » Il rigole sachant parfaitement que je plaisante mais me traite quand même de débile puis continue de parler avec les autres pendant que je m’allonge pour roupiller un peu. Il ne faut pas m’en vouloir, vivre sa vie et étudier, c’est pas de la même catégorie et ça fatigue x100552. Tout devenait plus calme quand je sentis quelqu’un s’installer à côté de moi. Pas un de ces idiots, ils savent tous que me déranger pendant une sieste c’était quasi la même chose que… Soit, je n’ouvris même pas les yeux. J’essaye de ne rien dire et continuer à dormir mais elle cogite, prend des choses dans son sac, … « Si tu pouvais aller faire du bruit ailleurs, ce serait bien » dis je sèchement. Trois jours que je ne dormais plus que quatre heures grand maximum à causes des examens, impossible de laisser passer les seuls instants de repos à ma disposition. « Je ne croyais pas les autres mais t’es vraiment désagréable, en fait. » Bruyante et effrontée, en plus. « Quel honneur, on parle de moi et j’ai une réputation de chieur » bon, peut être que j’exagère, elle ne m’a rien fait. Je soupire. « Je suis juste comme ça avec ceux qui me dérangent » J’ouvre les yeux. Constance. Je la regarde sans bouger d’un poil. Elle sourit même si on dirait qu’elle vient de pleurer. « Dommage, j’aurai eu un rival masculin dans le domaine. »