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 Il flâne.

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AuteurMessage
Léandre M. Gauthier
Ҩ je suis Léandre M. Gauthier

Il est nouveau à Paris. Soyez sympa. Souhaitons lui la bienvenue.

♔ MESSAGES : 19
♔ JUKEBOX : hallelujah (J.BUCKLEY) ; hey jude (beatles) ; i've just seen a face (jim sturidge)
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◈ rien que pour toi...
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Il flâne. Empty
MessageSujet: Il flâne.   Il flâne. EmptyMar 16 Aoû - 3:57

L'effervescence de la capitale ne l'atteint plus. Il n'est plus qu'une ombre errante. La nouvelle est tombée. Brutale, inattendue, elle l'a ébranlée, écorchée. Délaissant le téléphone et son interlocuteur, il avait fui. En titubant d'abord, incertain des gestes les plus rituels. Dans son dos, la porte avait pivoté sur ses gongs, claqué sèchement. Un instant, la brusquerie du son l'avait dérangé. A présent, sous la fine pluie d'août, il sourit. Sa paume percute son front.
- Idiot va, murmure t-il pour lui-même.
Et il rit. Amèrement. Il se repasse en boucle les scénettes passées. La mort ne leur a pas rendu leur charme d'antan. Au contraire, elle les grise encore davantage.
Négligemment, il regarde sa montre. En retard. Avec empressement, il reprend la route. Le bruit de ses semelles neuves se confondent avec le claquement des mocassins, des baskets et des bottes autour de lui. Elles manquent de glisser sur les escaliers détrempés du métro. Il se rattrape de justesse à la rambarde. Nouvelle crise de rire. Habitués aux attitudes les plus extravagantes, les passants l'ignorent ou le contournent. Il aime cette égoïsme et, plus encore, cette méfiance typiquement citadine. Elles lui épargnent bien des questions, bien des embêtements.
Enfin, il monte dans le train souterrain, se glisse entre plusieurs corps déjà compressés. Son regard éteint se ballade. Il est affecté d'être indifférent.
- Elle est morte pourtant.
Cette fois, l'évocation de la mort attire les regards. Dit suffisamment fort, il semble avoir jeté un sort sur toute l'assemblée. Rappeler le terme fatidique de chaque âme semble provoquer un léger mouvement de panique. Rien d'étonnant : tout ce qui est inéluctable, subit, angoisse par nature.
Dans le haut-parleur, on annonce un premier arrêt. Le ralentissement de la machine fait basculer les touristes quand les parisiens demeurent presque immobiles. Lui, appartient à la seconde catégorie. Il faut dire que, serrés ainsi les uns aux autres, les chances de chute sont quasi nulles.
- Vous allez bien monsieur ? s'enquit une sexagénaire.
Elle pose sa main fripée sur son bras. Sa petite ne lui permet pas d'atteindre son épaule. Voûtée par le poids des années, ses prunelles vertes n'ont pourtant pas perdu de leur vivacité. Et, malgré les rides et les tâches sur sa figure, elle conserve son charme d'antan. Une bouffée d'affection boursouffle la poitrine de l'homme.
- Je m'en sors, plaisante t-il en la gratifiant d'un sourire attendri.
Elle n'est pas dupe. Personne n'est livide à ce point en allant bien.
- Vous devriez vous asseoir, jeune homme.
Son conseil à peine donné, on signale le prochain arrêt. A contrecœur, il entreprend de descendre.
- Merci, souffle t-il.
Il se penche, baise affectueusement le dessus de sa main et, se laisse happer par la foule sur le quai. Partout -ou presque-, des costumes gravitent. Il déambule parmi eux, parfaitement inconscient de sa différence vestimentaire. Parti trop vite, trop tôt, il a oublié d'ôter son survêtement. C'est tout ce qu'il reste de son jogging du matin. Ses joues sont blanches, son souffle lent, sa peau sèche.
Il remonte enfin à la surface. La pluie a cessé mais, bien que la saison ne s'y prête pas, il fait froid. La température ne le touche guère plus que le temps. Encore quelques mètres et le voilà dans le hall d'un luxueux hôtel. Il a à peine fait trois pas qu'un pingouin accourt.
- Monsieur Gauthier ! s'écrit-il avec une mine réjouie. Nous vous attendions.
- Et bien me voilà.

Sa voix est plus froide qu'à l'ordinaire, presque désagréable. Soudain, il n'a plus envie. Sans avertissement ni remord, il rebrousse chemin. Derrière lui, il entend les appelles d'incompréhension du chef du personnel. Superbement, il les ignore. D'un bref salue de la main, il franchit à nouveau le seuil. Après tout, une histoire de vol de quelques bouteilles de vin peut très bien se résoudre sans lui.
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