Maman,
Voilà déjà deux ans que tu nous as quitté. Déjà deux ans. Tu sais, je m'étais promise de ne jamais rien oublier de ce qu'on a pu vivre, mais j'ai l'impression que peu à peu certains souvenirs s'effacent. La douleur, elle, est toujours aussi présente. Le temps passe, et ton absence se fait ressentir chaque jour au fond de ma poitrine. J'ai tellement mal maman, j'ai l'impression d'en crever parfois. Je suis toujours ici, mais une partie de moi est morte quand t'es partie. Il m'arrive de déambuler dans les couloirs tel un fantôme, je ne suis présente que physiquement, et encore. Mais pour toi, pour que tu ne penses pas que je m'effondre totalement, je fais face au monde qui ne ressemble plus qu'à un carnage, et je dissimule cette plaie béante. Il n'y a même plus de mots pour panser mes maux. Le bonheur a perdu beaucoup de son sens désormais. Tellement de gens pensent que je me suis remise de ta perte, que je suis heureuse. Les apparences sont tellement trompeuses. Il m'arrive d'en vouloir terriblement aux voisins, qui ont l'air d'avoir une vie si paisible et harmonieuse. Pourquoi toi ? Pourquoi pas la vieille dame au bout de la rue ? En plus son heure ne va pas tarder, ses rides lui rongent tellement le visage qu'on peut à peine distinguer sa bouche. Ou bien le pervers qui fait des rondes, tel un chasseur en quête de sa proie. Ca ne m'étonnerait pas s'il se révélait pédophile ; ce genre de personnes mérite de claquer. Mais pas toi. Non, toi tu étais quelqu'un de bien, de trop bien même. Pour citer mon livre préféré, « le bonheur est une illusion d'optique, deux miroirs qui se renvoient la même image à l'infini. » Tu sais à quel point j'aime ce roman, telle la Bible pour les croyants. Avant ton départ, je ne comprenais pas les dernières lignes ; ou en tout cas je croyais les comprendre. Mais la perte d'un parent est-elle plus forte que celle d'un amour ? J'en ai bien l'impression. Tu étais mon repère, mon pilier dans la vie. Ce qui me reste ? Rien, ou presque. Papa dit que cette épreuve m'a fait grandir. Ah si tu savais, maman, si tu savais. Il salit ta mémoire. Je n'en croyais pas mes yeux, et je n'arrive toujours pas à y croire. Comment peut-il te faire ça ? Comment peut-il me faire ça ? Je pensais que c'était lui et moi contre la douleur. Au départ, il était bel et bien là. Il allait même plus mal que moi. Mais apparemment il s'en est bien remis, il refait sa vie tranquillement. Mais le pire maman, le pire c'est qu'il refait sa vie avec cette pouf. Te rends-tu compte qu'elle a seulement cinq ans de plus que moi ? C'est n'importe quoi. Il dit que je suis vouée au pessimisme, moi je dis que je suis vouée aux abîmes de la vérité. Je vis, mais toi tu ne vis plus. Si le ciel en a réellement décidé ainsi, c'est qu'il y a bien un abruti là-haut. Chaque jour, lorsque je quitte les bras de Morphée, à l'intérieur je suis pétrifiée à l'idée de ce qu'il peut se passer dans la journée. Je n'ai parfois qu'une envie, celle de replonger dans l'oubli du sommeil. Tu sais bien qu'avant j'aimais la vie, tout autant que toi. En fait non, tu aimais bien plus la vie que moi. Tu aimais bien plus la vie que quiconque sur cette foutue planète. Et il a fallu que ce soit toi. Mais tu sais, je réalise que je sais pourquoi j'existe. Je sais pourquoi je dois me battre et affronter le monde réel. C'est pour toi maman. Pour toi je serai forte, car j'ai envie que tu sois fière. J'ai besoin que tu sois fière de moi, et de tout ce que je puisse accomplir. Alors je sais bien que ça ne va pas être facile, mais ça en vaut la peine. Tu sais, j'ai entendu que les gens qui veulent se relever, s'en remette toujours. Il suffit d'un peu de temps et beaucoup de volonté. Du temps, il en passe. De la volonté, je saurai en avoir. Alors maman, donne-moi la force de vaincre mes peurs et mes angoisses, et je ne te décevrai pas. Sache que je t'aime de plus en plus chaque jour, et malgré les souvenirs qui désirent s'effacer sans mon autorisation, jamais au grand jamais je n'oublierai ton visage, ta voix, ton sourire.

Prénom : Zoey. Age : J'aurais bien dit Dieu n'a pas d'âge, mais pour être sérieuse j'ai quinze ans et demi. Pseudo sur Bazzart/PRD/autre ... : Gapingwound. Comment as-tu connu le forum ? Via Bazzart. Que penses-tu, à première vue, du forum ? La perfection existe apparemment ? Avatar : La belle Lyndsy Fonseca Autre chose ? Salut tu veux bien qu'on soit copains ?

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