Il est toujours complexe de commencer à écrire quelque chose. Moi-même écrivain, il est dur de relater un récit, d'autant plus qu'il s'agit du mien. Il est dur de relater tel récit, parce que l'on oublie souvent des choses, on en rajoute un peu - il est dans la nature humaine de le faire - et parfois même beaucoup. Il est difficile de relater ce genre de choses parce qu'on a tendance à en faire trop, à mal écrire certains passages. Et en écrire d'autres trop bien pour qu'ils soient pris au sérieux. Nous ferons donc de notre mieux pour éviter les détails profonds, et creuser ma propre tête sera essentiel pour me rappeler certains détails.

Mes parents sont Alexander et Amélie Starks. Mon père est de sang Londonien, donc anglais, et l'ascendance de ma mère est française. Son nom de jeune fille était d'ailleurs Volange. Je suis donc moitié anglais, moitié français. Cependant, j'ai la nationalité anglaise, ayant vécu toute ma vie à Londres. J'y suis né à vrai dire. Ma mère et mon père n'auraient pu être plus fiers. Mon père était si fier d'avoir un fils. Le sexe lui importait peu bien évidemment. Mais il était important pour lui d'avoir un enfant. Non mon père n'est pas un de ces riches londoniens qui ressemble aux rois de notre mère patrie et qui décide de divorcer de leur femme si l'enfant attendu n’est pas un garçon. Un enfant était juste son plus grand souhait. Il avait tout, possédait tout, ne désirait qu'un enfant. D'après ce que mon père m'a expliqué, je suis né dans le plus grand hôpital de Londres, un deux novembre. D'ailleurs la date importe peu, mais saviez-vous que la connaissance des gens est erronée par rapport à ce jour? Mais qu'importe n'est-ce pas? Revenons à notre récit. Où en étais-je? Ah oui. Ma naissance. Je suis donc né, avec la plus grande joie de mes parents, dans la capitale londonienne, un deux novembre, à deux heures deux (étrange coïncidence. Depuis qu'on m'a dit que j'étais né le deux, à deux heures deux, je pense que le deux doit me porter chance.) dans ce grand hôpital, qui me donne désormais la chair de poule de part ses murs tous blancs, à en faire pâlir un vampire de Twilight. Je suis donc né dans un endroit hostile à toute vie de part la couleur des murs et l'odeur des lieux. Je suis né d'un patron d'entreprise et de sa femme, mère au foyer désormais. Je suis né d'un homme et d'une femme aimants. Je suis né de deux êtres humains pourvus de sentiments. J'ai toujours été choyé, aimé. Dès ma naissance. J'ai toujours vécu dans une maison dans le quartier de Bloomsbury. Depuis ma naissance. Ma mère et mon père avaient déjà tout préparé quand je suis né. J'avais déjà une chambre, une salle de jeux, des tas de nounours et des jouets. J'étais sûrement l'enfant le plus heureux du monde. Oui le plus heureux. Ceci dit, avoir des jouets et des nounours ne signifie pas que j'étais un de ces gamins insupportables qui hurlent à leur mères qu'ils veulent tel ou tel jouet. Je n'étais qu'un enfant aimé par ses parents et qui pouvait avoir une quantité raisonnable de choses. Mes parents m'ayant éduqué de la meilleure façon qu'il soit, je compris bien tôt le sens du mot interdiction. De toute manière, mes parents ne laissaient passer aucune chose. Je ne pouvais pas faire ce que bon me semblait, sans conséquence. J'ai dû, enfant, maudire mes parents une bonne centaine de fois, même si désormais je leur suis reconnaissant de ce qu'ils ont fait. Ils m'ont éduqué, m'ont montré la voix.
Les premières années de ma vie furent joyeuses, comme les suivantes. Je m'épanouissais dans le monde que mes parents avaient façonnés pour moi. Quand vint le moment d'aller à l'école, la tristesse m'envahit une fois, puis disparut. J'étais heureux de rencontrer de petits enfants, comme moi, enfin je suppose, ma connaissance de cette période de ma vie reste floue. Mais selon ma mère, ma chère mère, mes premières années à l'école étaient les plus heureuses du monde. J'avais constamment le sourire et m'épanouissais comme jamais avec mes nouveaux amis.
A mon entrée en primaire, les problèmes commencèrent. Pas que j’eus été d'une intelligence inférieure. Appelons ça plutôt de la grosse paresse. Très grosse paresse. En réalité, les premières années d'école primaire, j'étais pantouflard à vrai dire. Je n'aimais que peu de choses à l'école. A part embêter certains, et rester avec ma bande de petits amis tout gentils, je ne faisais rien. Les résultats étaient désastreux. Ainsi, à l'arrivée à ce que l'on appelle le collège (même si la répartition des années est différente) en France, j'étais dans une très mauvaise passe. J'avais onze ans, à l'époque.
Onze ans. L'âge où l'on est sage comme une image, ou chiant comme un pélican. L'âge ou rien ne nous intéresse plus que de jouer dehors. Oui, j'étais l'un de ceux qui détestait l'école, la littérature, les sciences, l'histoire... Je détestais tout. Ma classe, ma maîtresse (à cet âge, une maîtresse ou un maître c'est un peu le diable), les gens que je voyais. Ceci dit, une rencontre littéraire aura changé la donne. Chaque jeudi après-midi, toute la classe se devait d'aller à la bibliothèque du collège, où des livres poussiéreux (ou non) étaient entreposés. Chaque élève se devait d'emprunter UN roman. Pas de gros volumes bien évidemment. Des livres de taille respectable, entre cent cinquante et trois cents pages. Chaque semaine, je prenais un livre à l'abandon, dans les recoin, le ramenais chez moi, ne le lisais pas, et le rapportais le jeudi suivant. Je détestais lire à vrai dire. Mais une rencontre inattendue m'a fait découvrir le plaisir de la lecture. L'histoire d'un petit garçon, orphelin, qui découvre un jour qu'il n'est pas tout à fait comme les autres. Je vous laisse chercher.
A partir de ce jour, mes notes en littérature et en langues augmentèrent considérablement. Les professeurs s'en inquiétaient d'ailleurs. Ils se posaient bien évidemment la question du "a t-il triché? Ou est-il moins idiot qu'il n'y parait?" Tout comme mes parents. Avant ce merveilleux livre (qui me fera aimer la littérature plus qu'à raison), ma chambre était devenue un endroit désert. Désormais j'y passais le plus clair de mon temps; Littéralement. Je passais mes après-midi, dans mon lit, lisant un roman, puis un autre. Je m'étais attaché à ce premier livre et n'avais jamais lâché prise. J'étais attaché à quelques personnages comme ce professeur vil et cruel, sarcastique à souhait, ou ce jeune garçon qui n'avait pas sa place où il était, pour le moment du moins. J'étais attaché à l'écriture. Fluide et simple. Et pendant des années, je construis ma vie autour de ce phénomène interplanétaire. C'est devenu ma vie. Grâce à ce phénomène, la littérature devient mon seul centre d’intérêt.
A partir de là, la littérature devient mon principal centre d’intérêt. En entrant au lycée, je deviens un mordu total de littérature anglaise et française. Ma seconde langue (ayant du choisir allemand en premier choix) devient donc naturellement le français. Je planifie déjà de vivre à Paris, la seconde ville de mes rêves. Pendant quelques années, je passe avec brio mes épreuves pour obtenir mon diplôme naturellement.
Et me voilà, désormais, depuis deux ans installé dans la capitale française...