J'étais là, face à cette figure déformée par les aiguilles, par ces produits laiteux aux parfums infectes et ce masque qui bouchait chaque pore de sa peau vieillie par le temps ; J'étais là, droit comme un piquet avec mes Clarcks boueuses, tenant presque en équilibre sur mes chevilles endolories. J'étais là, avec ce regard qui m'interrogeait pour nourrir une probable soif d'attention diablement hypocrite, comme si ma présence lui était aussi précieuse que ses crèmes de beauté. Et enfin, j'étais là, humant la fumée piquante de sa cigarette ainsi que son parfum amer, fronçant mécaniquement mon nez, avant de baisser les yeux sur le parquet poussiéreux de la cuisine, et de libérer mon sac à dos de l'emprise nerveuse de mon poing, serré à m'en planter le peu d'ongle qu'il me restait dans ma chaire encore juvénile. « Où étais-tu passé ? » Je laissais traîner les bandoulières sur le sol au rythme de mes pas, traînant avec lassitude le poids de tous mes livres de cours jusqu'à la première marche de l'escalier qui montait à l'unique étage de l'appartement parisien, sans pour autant daigner répondre à ma mère, qui par ailleurs, s'en fichait totalement. Et alors qu'elle reprenait ses corvées de ménagère, je m'efforçais de regagner ma chambre dans un silence palpable, tout en passant discrètement devant la porte du bureau de mon père, entre-ouverte. Mes prunelles s'attardèrent sur son faciès serti de profondes rides, et sur cette expression sévère qui entourait chaque parcelle de son visage, tout comme ses larges sillons qui striaient son front découvert par une calvitie naissante. Lui aussi, il était là. Face à son large bureau en bois brut, assis dans son fauteuil en cuir et concentré sur une immense pile de document. La sueur coulait le long de ses joues bouffies, pendant que son pouce caressait mécaniquement la bouteille de whisky qui prônait le bout du meuble. L’espace de quelques secondes, je venais de graver cette vision du patriarche de la famille dans ma mémoire, une dernière fois, tout en frottant délicatement mon œil droit, peint d'un coquard violet. J’espérais, et ô combien naïvement que cet homme qui m'avait donné la vie, demeure aussi calme qu'en cet instant chaque jour qui suivrait celui-ci et ce, jusqu'à ce que je puisse être en mesure de lui arracher de mes propres mains son dernier souffle.

« Tu n'es pas sérieux là ? Tu ne peux pas arrêter l'école maintenant ! » Rabâchait-elle, l'enseignante la plus sexy de l'établissement, du temps où j'étais encore au lycée. Elle était à peine plus âgée que la plupart des redoublants. Vingt quatre ans, tout au plus. Grande, mince, brune aux yeux noisettes, plate mais séduisante dans un sens. À elle seule, elle représentait la plupart des fantasmes des adolescents. Pourtant, elle n'était ni plus ni moins qu'une pimbêche écervelée, une couguar précoce qui ne voyait d'importance que dans le physique et la mode. Au fond, elle me faisait pitoyablement penser à ma mère. C'était le même spécimen, en plus jeune. Lorsque j'ai décidé d'arrêter l'école, ce fut bien la seule qui tenta de m'en dissuader, et pour ça, je dois bien reconnaître qu'elle fait un bon professeur. Néanmoins, je dois avouer que je la préfère de loin dans un tout autre domaine : le sexe. Je ne le cache pas, j'ai couché avec elle après avoir quitté officiellement le lycée. De toute évidence, cela ne l'a pas dérangé que je sois son élève, et, en ce qui me concerne, j'ai pris un malin plaisir à ruiner sa vie en filmant nos ébats et en les distribuant à mes anciens camarades. La raison ? Un pari il me semble, ou, si ce n'est pas le cas, je pense que c'était une manière comme une autre de faire biffer mes amis, en soulignant clairement une différence entre eux et moi : celle du, moi j'arrive à serrer, et pas toi. C'est totalement salaud, mais encore aujourd'hui, je dois dire que je suis fier de mon coup et de toute évidence, j'ai donné une bonne leçon à cette catin : celle de ne jamais ouvrir ses jambes à n'importe qui ! D'ailleurs, après cette expérience houleuse avec la gente féminine, j'en ai vite conclu que j'étais beaucoup plus attiré vers les hommes. Pas que cela puisse me déranger de fricoter avec une femme, mais le fait qu'il y ait un risque pour qu'elle tombe enceinte me rebute légèrement. Et me connaissant, je ne prends pas vraiment le temps d'enfiler un préservatif.

« Damien bon sang, pourquoi tu ne veux pas te caser ? Ça te plait tant que ça de jouer aux gigolos ? Après tu vas faire quoi ? Boire, te droguer ? Allez ! Reviens, arrête de jouer les ados ! » Le premier débile qui osait critiquer mon mode de vie. Un type parmi tant d'autre avec qui il m'est arrivé d'avoir une ou des aventures d'une nuit, du sexuel à plein nez. Il était plus vieux que moi, si mes souvenirs sont bons, la trentaine ou plus exactement l'âge où un homme, d'après les statistiques, aspire à se construire une vie saine, avoir des enfants et tout le baratin. Plutôt mignon, doué au pieu mais trop tendre à mon goût. J'étais méfiant à son égard pour la simple et bonne raison qu'il était susceptible de me plaire, et donc, de me faire tomber amoureux. Ma hantise. Je l'ai rembarré sans l'ombre d'une hésitation, préférant de loin ma carrière naissante d'acteur du X plutôt qu'un amour incertain. Le sexe, ouais, il n'y a que ça de vrai. On sait ce qu'on en fait, ou comment on l'utilise. C'est comme jouer les escortes boy, c'est rentable au possible, malgré que ce soit de l'argent facile. Personne après lui n'a jamais su, excepté ceux avec qui je travaille, que j'utilise mes charmes pour arrondir mes fins de mois. Ainsi donc, je dirais que l'amour, de mon côté, n'est pas envisageable pour le moment. Je n'ai que vingt sept ans et je compte bien continuer à faire un peu tout ce que j'ai envie de faire pendant encore longtemps. Je n'ai aucun principe, et je m'en porte bien ! Arrêtons avec les comptes de fée, si le prince charmant avait été gay, le roi lui aurait lui-même coupé les couilles. Alors à quoi bon croire aux belles petites histoires que nous lisaient nos mamans lorsque nous n'étions que des marmots insouciants ?

« C'est dans la boîte ! Bravo les gars, on a enfin bouclé le film. Damien tout va bien ? Va te passer de l'eau sur le visage, t'es tout pâle. » Ce gars, c'est un peu le pilier de tous les acteurs qui bossent dans la boîte. Il approche la quarantaine, il n'est pas particulièrement tendre avec nous, mais c'est quelqu'un en qui on peut avoir confiance. Il sait que la plupart des mecs qui travaillent ici débarquent tout droit d'une merde pas possible, pourtant il n'hésite pas à nous ménager si quoique ce soit cloche. C'est un genre de parrain du X, même s’il est très professionnel. Par ailleurs, de ce que je sais, c’est qu’il a d'abord fait des études de psychologie avant de se lancer dans la réalisation de films pornographiques pour la chaîne Youporn. Quant au studio actuel, il est très fermé, et nous ne sommes pas beaucoup à y travailler. Sinon, outre cette carrière, je suis aussi escorte boy, ou courtisant si vous préférez, sur mon compte personnel. En somme, j'offre mes charmes aux plus offrants durant mes heures libres pour me faire toujours plus d'argent. Mais bon, que ce soit clair : je ne fais ça qu’occasionnellement. Je n'ai absolument pas confiance en ce petit passe-temps, surtout qu’il m’est déjà arrivé de tomber sur des clients vraiment flippant, limite psychopathes !

Prénom : Lili. Age : 16 ans (bientôt !) Pseudo sur Bazzart/PRD/autre ... : LF&D. Comment as-tu connu le forum ? Gabintroud'balle. Que penses-tu, à première vue, du forum ? Il est cool ! Avatar : Boyd Holbrook. Autre chose ? L'empire des cacas contre-attaque !

bannière (C)tumblr.
icon (C)livejournal.