Only the good die young; remember England.

Le samedi, pour la jeune femme, c'était un peu une tradition; elle passait sa journée avec Reece, le jeune anglais qu'elle connaissait depuis si longtemps qu'il lui semblait que c'était depuis toujours. Lorsqu'elle se rendait à Londres avec ses parents pour y passer ses vacances, il était la raison pour laquelle elle avait toujours si hâte de s'y rendre. L'année qui suivit le décès de sa mère fut très difficile pour la petite, mais elle tenait tout de même à se rendre en Angleterre, Londres étant la ville natale de celle qui l'avait mit au monde et l'avait quitté bien trop tôt. Se retrouver là-bas sans elle était difficile, et heureusement qu'elle avait son ami pour lui faire penser à autre chose. Lorsqu'elle y repensait, les deux ans durant lesquels elle ne se rendit pas en Angleterre à cause de son frère furent un calvaire pour elle. Les deux hommes qui étaient certainement les plus importants pour elle se trouvaient de l'autre côté de la mer, et elle ne pouvait les voir. Vous n'imaginez pas la grande joie qu'elle ressentit lorsque Reece lui apprit qu'il allait venir vivre à Paris.

Mais la tradition du samedi fut instaurée un an plus tôt, lorsque par un matin où ils se promenaient dans le coin, ils tombèrent sur ce grand marché aux livres et qu'ils trouvèrent tous les deux des petites perles à petits prix. Aimant beaucoup la littérature, ils prirent l'habitude de s'y retrouver chaque samedi, du moins lorsqu'ils le pouvaient. Ensuite, ils improvisaient le reste de la journée – il ne fallait pas trop planifier non plus, c'était beaucoup moins sympa sinon. Cinéma, balades, activités culturelles. L'avantage de vivre à Paris, c'était qu'ils ne s'ennuyaient jamais, ils avaient toujours quelque chose à faire, un endroit où s'installer et se reposer, ou bien à découvrir. Et puis à dix-huit heures, ils se quittaient, la demoiselle devant rentrer chez elle et se préparer pour le spectacle du soir.
Parfois, lui était trop occupé par ses cours pour sortir le samedi matin, quant à elle, il lui arrivait de terminer le travail très tard le vendredi soir, ou plutôt très tôt le lendemain matin; il lui était alors trop dur de se lever – parce qu'avouons le, lorsqu'on n'a pas de jours de congé, si on peut dormir, on en profite.
La semaine dernière, ils n'avaient pu passer la journée ensemble, mais cette fois, Zena n'avait terminé qu'à deux heures du matin, elle envoya donc un message au jeune british en rentrant chez elle, lui confirmant qu'ils se voyaient bien le lendemain. Tous les deux s'étaient donné rendez-vous à l'entrée de la roseraie, un joli petit coin que la jeune femme affectionnait particulièrement, c'était agréable et sentait tellement bon. S'étant levée légèrement en retard, elle s'habilla rapidement après avoir pris sa douche, enfila un short et un petit polo, et passa se prendre un café au Starbucks face au Moulin Rouge. C'était l'avantage d'habiter non loin de celui-ci, puis elle sauta dans le métro et se rendit au point de rendez-vous, impatiente de revoir Reece. Cinq jours qu'ils ne s'étaient pas vus, et déjà, il lui manquait, on se demande comment elle faisait lorsqu'ils habitaient dans deux pays différents et ne se voyaient que durant les vacances. Il faut dire qu'à l'époque, c'était différent, et que ces dernières années les avaient énormément rapprochées; sans compter le fait qu'en l'absence de son frère, le jeune homme avait pris une si grande place dans son cœur qu'il lui était difficile de ne pas le voir.
Arrivée devant la roseraie, la demoiselle avait quelques minutes d'avance, elle se promena alors au milieu de toutes ces fleurs. Pas la peine de se parfumer, l'odeur allait rester sur elle toute la journée.